Laëtitia : "’Il y a du mouvement, un élan pour penser la ville autrement"
- plateformebzh
- 19 janv.
- 2 min de lecture
Brestoise, Sourde, Laëtitia Sanquer est engagée sur le territoire depuis plusieurs années en tant que formatrice de langue des signes française et plus récemment en tant qu’attachée à l’accessibilité au sein des grandes entreprises pour promouvoir le management inclusif, outiller, accompagner, sensibiliser à la performance sociale générée par cette diversité dont elle fait partie. Elle oeuvre aussi auprès du public Sourd et malentendant en proposant de nombreuses activités en LSF : sorties botaniques, ateliers de transformation, apiculture et séjours touristiques à la découverte de notre sublime Finistère.

Globalement, quel est votre sentiment sur le handicap dans le contexte brestois actuel ?
Je sens qu’il y a du mouvement, un élan pour penser la ville autrement. Sur le volet surdité, qui me concerne, je découvre qu’il existe de plus en plus d’actions mises en place, débats,
conférences, spectacles rendus accessibles par le sous-titrage, la présence d’interprètes. Mais il y a encore tant à faire : lieux culturels, transports, accès aux commerces ...
Quels sont les problèmes auxquels tu es confrontée quotidiennement ?
Faire intervenir un·e interprète aux réunions, conférences, rendez-vous... coûte ! La surdité étant un handicap invisible, je suis confrontée à un manque de compréhension, à des maladresses aussi, non conscientes ou pas, et aux budgets limités pour rémunérer les services d’interprétariat. Côté équipement, tous les établissements publics ne sont pas encore équipés de boucle magnétique, ce qui rajoute au parcours quotidien semé d’obstacles !
Quels défis associes-tu à la thématique abordée d’après ton expérience personnelle ?
Ne plus instrumentaliser les interprètes par souci de bien cocher la case « accessibilité » et veiller à accueillir les brestois·es sourd·es ou malentendant·es aux événements de la vie associative, civique, politique, culturelle, fin de les considérer comme de véritables citoyen·nes soucieux·ses de participer à l’essor de notre belle Cité du Ponant.
Et aussi former aussi les collectivités à l’accueil des publics Sourds et malentendants (ça c’est mon métier !
Si vous deviez prioriser 3 difficultés à résoudre, quelles seraient-elles ?
La vie dure des idées reçues, exemple, parler plus fort à une personne sourde en articulant exagérément est il vraiment utile ?
Les budgets difficilement alloués pour la mobilisation d’interprètes
Le manque de sous-titrage au cinéma (surtout pour les films français)
Si vous aviez 3 solutions ?
Intervenir en entreprise, dans les collectivités, les établissements scolaires et SENSIBILISER, actions qui seraient menées par des expert.es dans chaque famille de handicap.
Revoir les priorités budgétaires pour la mobilisation d’interprètes
À l’image du TNB à Rennes, pouvoir contacter le cinéma et demander le sous-titrage une demi-heure avant le début de la séance.
Quand on entend « inclusion », on pense taux de chômage, précarité, problèmes
de transports, soucis de santé mais aussi riche tissu associatif, solidarité, image positive à
travailler. Que penses-tu de cette vision des choses ?
Cette vision me semble réaliste, affinée voire confirmée par mes nombreuses expériences aussi bien challengeantes que prometteuses et encourageantes !
Si tu avais une baguette magique ?
Jouer ensemble ̀ la récréation et comprendre qu’on est tous les mêmes avec les mêmes chances !
Comments