Gilles Grall : "Les autres, c'est important à Brest"

Né à Brest, Gilles Grall aime cette ville, les gens étonnants, les discussions politiques et la "dispute à l'ancienne" qui permet de débattre et de réfléchir. Historien de formation, président de l'association Brest-Pontaniou, il interviendra le 12 mars aux côtés de Gildas Priol pour parler de la nécessaire valorisation de ce patrimoine.

Pourquoi cet attachement particulier à Pontaniou ? Mon grand-père y a été interné, la dernière semaine de sa vie, comme résistant, et il a été fusillé sur le plateau du Bouguen en 1944. C'est un lieu qui témoigne d’une résistance passée, et c'est surtout l’un des rares bâtiments d'ancien régime qui est encore sur pied à Brest. Dans une ville où l’on n'a plus grand-chose d'époque, même si ce n’est pas forcément le bâtiment que les gens auraient aimé voir survivre, quand on a la chance de le visiter, on est très surpris de ce passé, on sent vraiment un vécu, des ondes un peu négatives. C'est un bâtiment tout à fait étonnant, on est hors du temps, on se sent même plus à Brest. On se bat depuis plusieurs années pour que le projet initial soit révisé et c'est le cas. je pense qu'on prend le chemin vers un projet qui nous correspond.

Si vous deviez associer un mot à Brest, ce serait lequel et pourquoi ? J’aurais du mal à choisir entre ces trois mots : étonnante, festive et unique. Étonnante, par son histoire, par sa renaissance, par le caractère bien trempé de ses habitants, par les formes de solidarité qu'on y trouve, elles ne sont pas feintes.

On est au bout de tout ici donc, si on n'est pas un peu ensemble, même si on sait se disputer souvent, et bien on ne survit pas.

Les autres, c'est important à Brest, et je pense que c'est une terre très attachante, et quand on quitte Brest pendant quelques temps, et quand on y revient, et bien on s'y sent immédiatement chez soi, de nouveau. Pour moi, c'est l'une des seules villes avec Saint-Pol-de-Léon où j'ai l'impression d'être toujours à ma place.

Votre Brest, c'est... ?

Plusieurs choses. D'abord les mercredis de mon enfance avec ma maman. J’ai une image de la rue de Siam qui était très différente de celle qu'on peut voir maintenant. C'est également les après-midis de cinéma, quand j'étais pion d'internat, pendant mes études. Les déambulations en bord de mer, le Moulin Blanc, le port de commerce. C’est aussi aller manger une pizza chez Il Castello. J’y ai ma table, ça c'est un petit luxe, et Le Conti également, c'est un lieu qui me parle énormément. C’est un bâtiment qui a du vécu, une histoire, c'était le siège de la Kriegsmarine pendant la seconde guerre mondiale. Ils ont remis des décorations d’époque et ont gardé l’esprit d’antan, notamment au niveau du hall qui est superbe. Moi j'aime bien les lieux où je me sens bien, et mon Brest c'est un peu ça aussi, beaucoup de lieux sympas, plein d'endroits où on se sent bien.

Si tu avais une lampe magique pour exaucer un vœu pour Brest, quel serait-il ?

Une lampe magique, c'est trois voeux, non ?! Mon premier voeu, ce serait que la métropole brestoise puisse récupérer les bords de la Penfeld, qu’on réinvestisse ce lieu et qu’on replace le château au centre. J'aimerais aussi que l'on puisse se promener de la place de Strasbourg au Bas de Siam à n'importe quelle heure, en toute sécurité. Une ville sûre pour tout le monde. Dernier vœu, qu’il y ait un peu plus de soleil en été ! Quand il fait beau, c'est incroyable, le soleil est là très tard. On sort du boulot à 17h30, on bénéficie de 4-5 heures de soleil encore.

Une dernière chose à ajouter ?

Je suis quelqu'un qui aime discuter politique, qui aime l’action. J'aime bien quand les choses se réalisent. J’apprécie quand les gens différents peuvent se parler et qu'on aboutit à quelque chose qui fait consensus. Je crois qu'avoir des idées différentes n'empêche pas d’avancer ensemble. Je suis quelqu’un qui aime travailler pour, et pas travailler contre et je pense qu'on en prend le chemin avec le collectif Mon Brest.